Nous voulons vous parler d’Hiroshima. Nous y avons passé un petit bout de temps et comme on peut s’en douter, avons été très émus par l’histoire tragique de la ville. Vraiment très émus.
Hiroshima est une belle ville, dynamique, verte et agréable. On s’y est vite senti bien parce que sa rivière est longée de parcs, de promenades et d’arbres. On y trouve beaucoup de restaurants, de magasins, de musées. En somme c’est une ville bien faite et vivante !
Le parc et musée du Mémorial pour la Paix
Nous avons commencé notre découverte de la ville par ce qui nous a semblé le plus important, le musée du mémorial pour la paix, dans le parc de la paix. Ce musée conserve précieusement toutes les reliques de la tragédie de la bombe atomique du 8 août 1945. Énormément de familles lui ont confié les effets personnels de leurs proches disparus à cause de cette bombe américaine, et continuent à le faire. Avec ces vêtements, boîtes à bento, livres, et petits trésors, elles confient aussi un petit bout d’histoire, un petit bout de la vie du propriétaire, reformant par là le puzzle des 140 000 victimes de ce jour tragique, auxquelles il ne faut pas omettre d’ajouter celles qu’il a continué à faire jusqu’à bien plus tard, par cancers et maladies…
Le musée est en quatre parties et commence par raconter comment ont vécu cette journée des dizaines et des dizaines de personnes, ce qu’elles sont devenus, comment elles sont mortes, seules, avec un frère, une mère, des camarades de classe. Il met un nom sur des visages, et garde la mémoire de ces victimes qui pour la plupart étaient des enfants. Car en temps de guerre, la ville n’était remplie que de civils…
À l’entrée du musée, une drôle d’horloge nous interpelle. Elle indique le temps écoulé depuis le largage de la bombe atomique sur Hiroshima, elle indique également le temps passé depuis le dernier test nucléaire. Le jour de notre visite, on pouvait y lire une lettre ouverte destiné au président des États Unis, lui enjoignant de stopper ces tests, pour un monde de paix. Cette horloge est également conçue pour que ses rouages s’accélèrent en cas de danger pour la Terre et l’humanité jusqu’à destruction de l’horloge si le mouvement atteint le dernier rouage.
Cette première partie du musée nous plonge dans le noir, les nombreux visiteurs se taisent petits à petits, on fini par avancer en silence, lentement, lisant attentivement ces histoires, ces derniers mots, ces souvenirs confiés dans la peine. Là, on présente les effets de la bombe sur les corps. L’obscurité cache les larmes, parfois on s’arrête une minute, parce que c’est dur, les mots sont parfois difficilement soutenable. Mais on se sent investi du devoir de lire, parce qu’il faut savoir, être témoin et garder la mémoire. Ici, dans cette pièce, le temps s’est arrêté. Quand on nous rend à la lumière on se retrouve un peu perdu, il faut emmagasiner toutes ces informations.
À présent, après cette salle, à la moindre évocation de ce jour, en voyant ses vestiges, il nous monte les larmes aux yeux, notre gorge se serre… À travers ces témoignages, ces détails, on en a déjà appris beaucoup sur l’image globale, sur ce qu’il s’est passé ce jour là, vue du ciel.
Après un interlude de témoignages vidéos, on découvre une salle qui relate les faits, explique la science derrière la bombe, la guerre et la politique qui ont mené à ce jour terrible, et puis l’après, les initiatives prises pour désarmer la planète.
On décide ensuite de prendre une petite pause, voilà une demie journée que nous sommes dans le musée. La faim ne nous tiraille pas vraiment, mais plutôt l’envie de sortir un peu prendre l’air. L’occasion de manger au bord de la rivière avant de faire le tour du Parc de la Paix et de ses monuments.
On y trouve également le monument des enfants, rempli d’origami en forme de grues, censé porter bonheur, puis le Hall national du Mémorial de la Paix, où l’on trouve le nom et l’histoire de tous ceux qui sont morts de la bombe atomique.
La bombe n’a laissé aucune chance. Ceux qui ont survécu à l’impact sont morts dans d’atroces souffrances, assoiffés et brûlés quelques jours plus tard, ceux qui sont venu les aider, ceux qui ont survécu à ces souffrances, sont resté traumatisé et sont morts de maladies, quelques mois, quelques années plus tard.
Nous retournons dans le musée. Le jour de notre visite, une exposition de dessins de survivants avait cours. Ces dessins terribles ont commencé à être collectés par la chaine de télévision nationale NHK il y a plusieurs années, ils ont alors servis à exorciser les traumatismes, à raconter ce qui ne peut pas l’être, à expliquer l’inexplicable. Par ces dessins, on comprends un peu, on voit ce que les victimes ont vécus.
Les liens ci-dessous mènent vers des dessins accessibles sur le site du musée. Même s’il s’agit de dessins souvent brouillons, je préfère prévenir que les images et les textes descriptifs les accompagnant peuvent choquer.
Des scènes se recoupent toujours, et il est terrifiant de se rendre compte que tous dessinent la même chose… La peau qui pend des corps brulés, ces parents calcinés, aux cheveux crépus par la chaleur, ayant protégé de leurs corps leur enfant jusqu’au bout et dont on ne peut même plus reconnaitre le genre, les enfants sans vie au bord de la rivière la tête dans l’eau ou entassés dans des citernes d’eau, les gens hurlant de la chaleur, demandant de l’eau, la désolation des rues, l’errance de ceux qui peuvent encore marcher, qui vivent pour encore quelques minutes, quelques heures, quelques jours… Des images terribles, brouillons parfois, comme s’ils avaient été dessinés à la hâte, frénétiquement, comme pour faire sortir le souvenir, le chaos…
Le Parc Shukkei
La visite de ce parc suit très bien celle du musée, son histoire étant très liée à celle du 6 août 1945. À l’entrée du parc une guide volontaire nous propose de passer l’heure avec elle à parcourir le parc. Elle nous guide sur les sentiers du parc en nous racontant son histoire, évoquant des détails et répondant à nos questions avec beaucoup de patience.
Les larmes nous montent encore aux yeux à l’évocation des seuls ponts ou des seuls arbres resté debout après l’explosion de la bombe nucléaire. Les habitants se sont précipités vers le parc pour y prendre refuge.
Je pose une question légèrement remarquant des bouteilles d’eau disposées devant un petit autel. Notre guide me répond que ce sont des offrandes pour les victimes qui réclamaient désespérément à boire ce jour-là, plongeant la tête dans les points d’eau du parc avant de mourir.
La balade est somme toute très agréable et instructive tant sur la culture japonaise que sur l’architecture et la création des jardins. Les vues y sont très bien arrangées, changeantes et très belles, comme des tableaux. On retrouve comme souvent dans les parcs japonais une rivière, des ponts, de multiples arbres et fleurs et ce petit chemin qui appelle à la contemplation.
Le Château d’Hiroshima
Le Château d’Hiroshima n’est plus le Château original pour des raisons évidentes mais a été très bien reconstitué dans son extérieur.
L’intérieur fait lui office de musée de la ville. Sa visite marque une petite rupture dans notre parcours puisqu’elle propose de découvrir l’histoire de la ville dans son ensemble. Celle-ci est souvent omise à cause de la bombe, mais il est aussi très intéressant de pouvoir remonter aux origines de la villes et de retracer son évolution.
On ne peut donc que conseiller de prendre une heure ou deux pour découvrir ce parc et son Château – Musée, et d’apprécier la vue 360° de la ville depuis le toit.
D’autant que ce jour là, il y avait dans le parc une exposition de chrysanthème et de bonsaïs sublimes !